Et hop, le dimanche.

Je lis ce qui s’écrit sur biblio-fr sur le travail le dimanche. Et je trouve les conversations très intéressantes.

Bien sûr, les arguments sur la préservation de la vie familiale et d’un jour où on ne consomme pas sont bons. Le dimanche, c’est fait pour autre chose que consommer.

Oui mais aller à la bibliothèque, est-ce consommer? Je ne le crois pas. En tout cas c’est consommer du produit culturel, et pas un canapé ou une voiture, qui s’achètent en famille, comme je l’ai entendu. Et on peut aussi aller à la bibliothèque le dimanche. Je l’ai vu dans certaines bibliothèques ouvertes : le dimanche, le public est nombreux, et content.

Et là revient mon leitmotiv du moment : un service public doit offrir autre chose qu’un service marchand. Du coup, on peut être contre l’ouverture du dimanche des supermarchés ou de Ikéa, mais pour l’ouverture le dimanche des bibliothèques. Aller à la bibliothèque, ce n’est pas aller à Ikéa (même quand le mobilier est fun). Donc je suis pour l’ouverture le dimanche dans les services publics culturels.

Mais, évidemment, ouverture le dimanche a pour réciproque travail le dimanche. Et c’est là que ça devient plus compliqué : un agent qui aurait pu aller en famille dans une bibliothèque ou des musée un dimanche ne le pourra pas s’il travaille lui-même dans sa bibliothèque, ça se comprend.

Oui mais là je reviens au service public, et à un de ses attributs essentiels : la notion d’intérêt général. Pour l’intérêt général, on sacrifie des intérêts particuliers. Pour que la population puisse aller à la bibliothèque le dimanche, il faut que des agents travaillent.

Je suis prête à travailler le dimanche pour satisfaire l’intérêt général, et pour que ma bibliothèque assume ses missions de service public. Mais pas sans conditions : il est hors de question de travailler tous les dimanches, il n’est pas question non plus que le dimanche soit assuré en majorité par des vacataires, étudiants ou non. Enfin, il n’est pas question de n’avoir aucune compensation financière ou en jours de repos. Mais un dimanche sur 4 ou 5, avec du personnel titulaire et vacataire au maximum à égalité, voire des créations d’emplois supplémentaires, et des compensations, je suis pour.

Et là, je me demande si je suis à Disneyland…

Je m’interroge sur l’utilisation du marketing dans les bibliothèques publiques. Ce que je me demande plus précisément, c’est si le marketing arrivera à dépasser l’idéologie qu’il appelle nécessairement aujourd’hui. En effet, le terme « marketing », ou son équivalent français « mercatique », est issu du domaine commercial, du privé. L’utiliser dans les bibliothèques, aujourd’hui, relève quasiment d’une prise de position politique, sur le thème « je fais du marketing dans ma bibliothèque, j’adapte les outils du privé à mon service public, je suis un libéral. »

Ce que je me demande donc, c’est s’il est possible d’utiliser le marketing d’une façon idéologiquement neutre. Ce qui revient à se demander s’il n’y aurait pas de bonnes techniques de marketing, qui viendraient aider les bibliothèques à conquérir de plus larges publics, mais aussi à répondre à leurs missions de service public. Je crois que oui. Je crois qu’il est possible d’utiliser le marketing non comme une fin mais comme un moyen, c’est-à-dire d’envisager le marketing comme un outil au service du public.

Du coup, j’en viendrai à dire par un raccourci peu justifié pour l’instant (et peu justifiable?) que le marketing pourrait vraiment être l’avenir du service public, qui se définit comme l’inverse d’un service marchand commercial, qui n’existe que pour dégager des bénéfices. Certes le service public n’est pas là pour dégager des bénéfices financiers. Mais ne doit-il pas satisfaire le public le plus large possible? Les outils du marketing peuvent alors être utiles pour cerner les demandes exprimées ou non des non fréquentants, mais aussi pour offrir les meilleurs services possibles aux fréquentants et aux abonnés.

Mais peut-être vais-je dans la mauvaise direction?